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APRES LA FÊTE : L'ENFANT ET MOI...

 

Les arcades résonnent enfin,

Sous ce pâle soleil d’automne,

Du calme des petites villes,

Tranquilles, sereines, uniques,

La fête est finie, c’est là que tout recommence :

Le lent et difficile retour à la réalité,

La fuite inexorable des sons, des rires, des chants,

L’arrêt des claquements de mains, battements de pieds ;

Par ci, par là restent quelques pleurs d’enfants,

Ne voulant pas rentrer chez eux.

 

Seuls les tapis de confettis sur les pavés,

Témoignent de la joie, de ses débordements,

Combien de couples ce soir ?

Ivres d’avoir trop ri, ivres d’avoir trop bu,

Plus joliment d’avoir chanté et dansé,

Redeviendront secrètement, lentement de beaux amants.

Qu’en serait-il autrement : œuvre plus improbable, plus impie ?

Malgré nos vies, malgré nos âges, vieillissants,

Nous aussi après tout pouvons afficher cette envie

 

Assis sur les marches de pierre froides, sagement,

L’enfant : yeux bleus, cheveux blonds,

Regard lointain, presque totalement absent,

Dans sa bulle aussi fragile que celles de savon,

M’observe perdu, sans me voir, tristement.

Lui incertain n’a pas senti, pas encore vu,

Que la fête pour les autres, hélas n’est plus ;

Enfant rassure-toi, pour moi aussi la magie continue.

 

Il est là attendant patiemment sa mère,

Regrette le départ des jeux, des forains,

Rêve sans dormir de manèges fantomatiques,

De barbes à papa multicolores et autres pommes confites,

Ses doigts si courts, si malhabiles tentent mais en vain,

A l’exemple de ses pinces sous verres automatiques,

D’attraper les très nombreux minuscules, ronds de papier,

Que des adultes dispendieux se jetaient à pleines poignées.

 

Chère tête blonde qui me ramène loin en arrière,

Tu n’es pas le seul en cette ville, là assis sur ton derrière,

A vouloir que jamais la fête ne cesse.

Sans cesse, même le temps d’un court instant,

Il est encore <<des grands>> qui toujours au présent,

Courent souvent sans savoir après quoi ils courent,

S’interdisent de redevenir pour quelques heures,

Par pur bonheur, pour faire semblant, un tout petit, un enfant.

 

Viens, prends ma main, surtout ne crains rien,

Là où je t’emmène ne vivent que des enfants.

 

Erdé, modifié le 30 mars 2009 - © Rémy Ducassé le 24 juillet 2013.

 

 

            &

 

 

 

 

 

**************** 

IL EST LA…TON FRERE C’EST L’ANGE…       

 

Il est là, sage et tranquille,

Posé au bord d’un petit nuage tout blanc.

Sa main douce et tendre essuie les larmes,

Ruisselantes le long de tes joues,

Lorsque ton esprit s’envole vers lui,

Au détour d’une image évocatrice de son image.

Tu n’as rien à redouter de la vie,

Puisqu’il est là, sage et tranquille,

Et qu’il t’attend.

 

Petit Prince, malgré lui,

Sur son étoile, veillant, joyeux et souriant.

Sa blondeur et le bleu de ses yeux,

Seuls,

Sont sources pour nous tous réunis,

D’une fontaine pure et calme d’apaisement.

Je ne l’ai, ni jamais vu, ni jamais entendu,

Le peu de mots, presque des silences absolus,

Et la pudeur entourant l’idée que vous avez de lui,

Me laisse deviner tout l’amour,

Qu’encore vous lui portez aujourd’hui.

On parle si peu de ceux qui au fil de la vie,

Vous laissent par leur absence, un vide secret,

Si difficile à refermer.

 

Mes yeux restent posés là, sur cette photo,

Cet enfant, sa pâleur, sa blondeur,

Ses yeux si bleus et si clair

Ce pied levé sur ce ballon,

Ce bel enfant je le vois,

Vivant, debout, fort et debout,

Dans ton émotion,

Dans les mots qui sortent de tes lèvres…/

Une étoile là haut, là bas,

Très loin et très près, tout à la fois,

Plus brillante que toutes les autres réunies,

Crois-le, crois-le assurément,

C’est lui, je le sais qui veille pour toujours,

Mieux que moi, mieux que quiconque,

Pour toujours sur ta vie.

Au fond, il est écrit :

      

<< L’absence n’existe que dans le cœur et l’esprit,

De ceux qui ne savent pas la valeur de l’amour >>.

     

Tu n’as rien à craindre, Toi, tu en sais le prix.

 

Un rire pur, limpide, haut et clair,

A tous tes rires, mélangés,

Entends, c’est lui, oh !! Oui, c’est bien lui…

 

Erdé, le 18 décembre 2010 – Revue et corrigé le 30 juillet 2013 - ©   Rémy Ducassé.

                       

                                           &

 

 

 

 

 

MANON ET TEO...

 

Manon et Téo

La vie est ainsi faite

Que vous êtes nés tous deux

Loin de moi…/

Pourtant :

La vie n’est pas si mal faite

Puisqu’aujourd’hui

Chaque jour vous faites

Prêt de moi

Ma belle conquête…/

 

Manon et Téo

Vous n’êtes pas nés de moi

Pourtant :

De tant de vos rires

De tant de votre beauté

Jamais je ne me lasse

Puisse notre voyage

Durer le plus longtemps…/

 

Manon et Téo

Vous êtes sans le savoir encore

Tout à fait

Pour vos parents

et

Vos grands-parents

Toute la tribu rassemblée

Un bien beau prince

 

Une bien belle princesse

Tout à fait…/

Puisse notre voyage

Jamais, non jamais

N’efface de sur vos visages

Les traces de ce vrai bonheur.

 

Manon et Téo

Chaque jour

A chacun de vos pas

et

A chacun de vos mots

et

A chacun de vos rires

et

A chacun de vos gestes

Tout à fait

Vous faites ma totale conquête.

Vous êtes sans le savoir

Tout à fait

Deux fleurs qui poussent

et

Fleurissent sagement

Sur mon cœur : rouge coquelicot.

 

<<Ainsi vos deux cœurs ajoutés à mon cœur m’ont bien longtemps empêché d’être solitaire>>

 

Erdé, le 25 décembre 2010 - © Rémy Ducassé le 23 juillet 2013.

 

 

 

 

 

 

 

 

LE PRINCE TEO…

 

Petit préambule minuscule.

 

Voilà, le moment est enfin venu, où je dois l’écrire cet hymne, à ce petit Prince. Il est apparu un jour en ce début d’automne – il y a maintenant un peu plus de six ans. Mon prince Téo est différent du fameux Petit Prince de Monsieur St Exupéry. Pourtant il produit sur moi autant d’émerveillement qu’en produisit le Petit Prince de St Exupéry.

Rien, ici n’est inventé – ou déformé. Tout juste un peu magnifié et embelli. Ce sont là les effets de sa luminosité : oui mon Prince Téo est lumineux. A l’image de la lune tout au long d’une longue nuit noire. Quand il m’aperçoit mon Prince du fond de sa tente, tout son visage doux s’éclaire, et je m’envole très haut dans les cieux…

 

Un premier jour fait de douceur et de tendresse.

Je frappe à la porte de sa tente, mais comment me direz-vous peux-tu frapper à une porte de tente ? Mais tout simplement parce que sa chambre est une tente et qu’il faut frapper avant d’entrer. Croyez-vous donc que l’on entre chez un Prince comme on entre dans un moulin.

Je frappe donc à la porte de sa tente, je persiste et vous n’allez pas tarder à comprendre, pourquoi j’use de ce vocable. Une voix ni jeune, ni vieille, une voix normale – ne commencez pas à m’interrompre sans cesse. Une voix me dit doucement d’entrer. Et je pousse lentement le battant de cette porte soigneusement refermée dés que le Prince Téo est entré dans sa tente. A peine ais-je eu le temps de passer ma tête chenue par l’entrebâillement de l’ouverture, que je le vois là, il occupe le centre de son repaire. Il est calme et tranquille. Assis pour la plupart du temps en tailleur à la manière de ces Princes arabes. Il n’y a ni tapis, ni fourrures, sous son petit derrière. Non il est là assis par terre à même le carrelage. Un rayon de soleil illumine ses yeux filtrant à travers les voilages verts et bleus accrochés devant la fenêtre.

Aussitôt qu’il m’aperçoit son sourire s’agrandit, s’élargit, et ce sourire à chacune de mes visites me remplit tout entier.

Mon prince Téo lui, ne demande ni que je lui dessine un mouton, ni une rose. Les dessins c’est lui qui les produit. Et ensuite il les offre sans compter autour de lui.

Ce Prince là, me ramène très loin en arrière. Et c’est toujours la même image qui surgit devant mes yeux émerveillés. Là sous mes yeux ce n’est pas Téo que je vois, assis sur son derrière.

Cela remonte très loin en arrière. En deux parties distinctes, l’histoire se décompose et la métamorphose opère presqu’à chaque fois. Comme si un seul Prince Téo se dédoublait par magie en deux autres Princes, là sous mes yeux ébahis.

Sa voix étonnée de me voir là devant lui : me demande :

• « Papy qu’est-ce que tu fais là ? C’est toi qui viens pour nous garder et tu vas dormir ici ? »

La soirée s’est déroulée très tardive autant pour les petits que pour les à peine plus grands (nous sommes en vacances pour les uns – et en fin de semaine pour les autres). Veillée tranquille et sereine entre terrasse au frais – sirotant boissons fraîches et des allers et venues entre les chambres de mes Princes et Princesses. Aujourd’hui c’est de mon Prince Téo que je suis venu vous entretenir.

 

Au petit jour – dés le lendemain.

Il rentre à pas feutrés dans la chambre, si feutrés que je ne l’entends pas. Moi, pourtant qui ai l’oreille si fine. L’oreille d’un vieux monsieur, qui ne dort plus beaucoup. Un vieux monsieur qui veille, un vieux monsieur qui guette. Et pourtant là, ce vieux monsieur s’est laissé surprendre.

Une petite main, une main douce et malhabile se pose sur mon avant-bras. L’avant-bras qui dépasse de dessous le drap léger. Ce drap dont les nuits d’été on se recouvre aux heures du petit matin.

Je sursaute à l’effleurement pourtant bien imperceptible. J’ouvre les yeux et il est là au pied de mon lit. Il n’est pas gêné. Il me sourit et la journée ainsi annoncée s’ouvre dans la paix d’une nouvelle rencontre.

Mon Prince Téo a le sourire facile. J’ai dit facile. Cela ne veut pas dire que ce sourire n’est pas fragile.

- Bonjour mon Prince…

• « Bonjour papy… »

Il approche sa tête – penche sa joue et il sait ce qu’il va arriver. Il aime cela les bisous endormis que je lui colle sur ses joues tendres et de chairs limpides. Mes baisers sont souvent un peu rugueux. Cette rugosité vient des poils de plus en plus durs de ma barbe prompte à pousser – surtout durant les jours de grosses chaleurs.

• « Tu piques papy – il va falloir que tu te rases… » 

- Mon Prince : sais-tu que tu ne dois pas marcher pieds nus sur le carrelage ?

• « Mais papy, je ne suis pas pieds nus, sur le carrelage !! »

- Allons mon Prince, ne me racontes pas des salades…Mon oreille est encore assez fine pour faire la différence entre le bruit de tes pieds nus sur le carrelage de celui de tes pieds chaussés des « tongs » - même si je ne t’ai pas entendu entrer.

A ce moment là, après avoir fait mine de refermer les yeux et de m’être rendormi, j’entends mon Prince Téo qui ressort furtivement de la chambre en refermant la porte, le plus doucement possible.

J’en profite alors pour me lever et je m’approche de celle-ci, tout aussi silencieusement. J’entrebâille l’huis, sûr de mon effet. C’est à cet instant que je me trouve nez à nez (si je peux employer cette expression – vu que le Prince Téo m’arrive tout juste à hauteur de la poitrine) avec ce cher enfant et qu’en me montant ses pieds chaussés de ses « tongs » - avec un immense sourire moqueur il me dit :

• « Tu vois bien papy – que je ne suis pas pieds nus !! »

Que vouliez vous que j’ajoute à tant de fraîcheur d’esprit mêlée à tant de « coquinerie ».

Ma tentative de surprise n’a pas été couronnée du succès que j’attendais. Avec ses airs de tendresse naïve – le Prince Téo est un futur rusé. Je dis rusé, pas roublard – Il n’y a aucune méchanceté dans l’attitude de ce Prince la ; Juste un petit peu de malice.

Quelque part cela me rassure. Je n’aimerai pas que plus tard il soit sans défense devant la méchanceté d’autrui ou face aux obstacles et autres embûches que l’on croise sur les chemins de la vie. Tant mieux, pour lui et pour ceux qu’il va rencontrer et aimer.

La difficulté va être pour lui de garder cette pureté d’esprit qui je crois est la marque profonde de sa personnalité, tout en faisant l’acquisition de la capacité de voir les réalités des êtres et des situations qu’occasionne toute existence.

Bon je ne suis pas non plus très inquiet. Il a un père et une mère qui ont tous deux la tête sur les épaules.

Revenons au déroulement de cette journée qui s’annonce tellement ensoleillée au dehors et tellement lumineuse à l’intérieur.

Après lui avoir demandé ce qu’il voulait pour son petit-déjeuner :

• «Papy, fais moi un sandwich au nutella, mon nutella ».

J’entreprends aussitôt la mise en œuvre dudit sandwich.

Ne voulant pas perdre un instant de ce temps précieux que l’on nomme les vacances le Prince Téo retourne silencieusement dans sa tente.

J’en profite pour préparer mon propre petit-déjeuner.

Côté chambre de la Princesse Manon – aucun bruit – même pas le moindre petit raie de lumière sous la porte. Celle-ci doit encore dormir. Je la laisse reprendre des forces, après la soirée tardive et particulièrement mouvementée que nous avons tous connus.

Autre jour mais jour semblable, mais en tellement mieux, encore…

Plus lumineux encore. Je suis là depuis un peu plus de demi-heure assis sur le canapé. Je suis arrivé ce matin même vers huit heures moins le quart. Murielle m’a passé le relais avant de rejoindre son travail.

Tout est silencieux et calme. Même Solo le chien le plus heureux que je connaisse ne bronche pas. Il dort dans son coin et je ne devine sa présence que par les claquements de sa mâchoire solide – lorsqu’il rêve ou qu’il éprouve le besoin de me dire :

• « Oui, moi aussi je suis là…moi aussi j’existe, ne l’oublie pas ».

Les enfants dorment encore chacun dans leur chambre.

Vers neuf heures et quart, le bruit d’une porte qui s’ouvre lentement me fait lever les yeux de sur mon livre. Mon regard se tourne vers le fond du couloir. Et d’instinct déjà, sans savoir, sans avoir vu laquelle des deux portes est en train de s’ouvrir, je sais que c’est le Prince. Mon Prince Téo. Oui mon Prince Téo. Dans la vraie vie, il n’est pas mon Prince, bien sûr. Il n’est pas mien et bien sûr il n’est pas Prince. Mais ici, tout m’est permis. Ici, c’est moi qui décides et ici, j’ai le désir qu’il soit Mon et qu’il soit Prince aussi.

Enfin après quelques secondes qui me paraissent interminables, la porte s’est largement ouverte et la tête de Mon Prince Téo toute ensommeillée apparaît là-bas tout au fond du couloir. Il m’aperçoit et de sa main droite il m’adresse un petit signe plein de douceur. Ce signe annonce quelque chose d’autre. Je ne sais pas. Je le sens, ce n’est pas la même chose. Je m’empresse de le lui renvoyer, mais je ne bouge pas. Je reste là, assis sur ce bout de canapé, de peur de briser la magie de l’instant.

Le Prince Téo s’avance et s’arrête devant la porte des toilettes. Vous voyez bien qu’étant Prince, même si ce n’est qu’ici, entre vous et moi, sur ces quelques feuillets, il n’en existe pas moins des contingences et obligations humaines incontournables. La porte des toilettes s’ouvre et se referme ; je m’empresse de replonger les yeux dans mon bouquin. C’est une manière comme une autre d’accélérer le passage du temps. Je ne veux pas languir cet instant ou Mon Prince va me rejoindre.

Le Prince Téo ressort des toilettes et s’avance lentement – il est encore tout endormi – vers moi, je lève ma tête me détachant du livre. Je le pose sur la table basse du salon et je tends la main pour prendre la main du Prince. Il se laisse faire. Mon Prince Téo n’est pas farouche. Il aime qu’on lui marque l’attachement par de petits attouchements.

Là, à cet instant dont vous ne saurez imaginer la magie, pour que vous compreniez toute la force de ce bout de temps suspendu, il faudrait que vous connaissiez le Prince Téo – sa voix endormie – basse et douce me dit :

• « Papy, je suis content de te voir !! »

Au moment où ces mots finissent de passer de cette bouche juvénile à mon oreille attentive, une immense lumière vient éclairer définitivement ma journée – ma journée que dis-je ?! Eclairer définitivement ma vie.

Pour l’éternité, afin de sceller à jamais notre union sacrée – afin que s’inscrivent dans nos mémoires respectives – ces mots – les mots de ce Prince de sept ans – mon Prince Téo de sept ans, ne sortiront plus jamais de mon esprit.

Tous gestes supplémentaires deviennent dés lors presque inutiles.

Voilà, il faut que ce soit, ici sur ces impressions que s’achève, temporairement mon récit. Ainsi vous pouvez vous faire déjà une petite idée de ce qu’est Mon Prince Téo. Une petite idée, de ce qu’il est, et de ce qu’il représente pour moi.

 

Rémy Ducassé dit Erdé, L’Ile Rousse – le 9 septembre 2012 - © Rémy Ducassé le 23 juillet 2013.

 


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L'enfance est là et je lui donne la place 

qu'elle mérite.../

celle de ceux qui arrivent après moi !!!

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La Corse - mon île adoptive.../

En images et en mots...                                                          ******************

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A  TOUSSAINT 2…

 

Sur ce quai presque désert,

Tu te piques à ma barbe,

En m’offrant l’accolade,

Des gens toujours peu diserts,

Ici, c’est comme cela,

Même les hommes s’embrassent.

 

Même si souvent nos idées,

Se percutent

Entraînant d’orales disputes,

Toujours au fond de nos yeux,

Reste profondément ancré,

La trace indélébile

De ceux qui depuis le premier jour

Se sont respectés.

 

Puissions-nous même à distance,

Même loin, même près,

Devenir ensemble très vieux,

Oh ! Oui bien vieux.

 

Ni hasard, ni nécessité,

Rien, absolument rien,

Ne nous prédestinait,

A nous rencontrer,

Et à si fort nous estimer.

 

Je t’écoute,

De ton histoire,

De ton épopée,

Tu livre à chacune de mes visites,

Un peu plus à chaque fois,

C’est dire ta confiance,

Cette absence de défiance,

Au son de ta voix profonde,

Comme une mélopée,

Tous les détails,

Les mille et un petits secrets.

 

Puis-je même à distance,

Même de loin, même de près,

Monsieur vous garder,

Oh ! Oui vous garder tout mon respect…                    

 

Erdé à Corbara, le 26 octobre 2003 - © Rémy Ducassé, le 23 juillet 2013.

 

 


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TRYPTIQUE DE LA VIE INSULAIRE...

Poème premier :
La Corse : Les Terres…

Terres arides
Terres fertiles
Terres stériles
Bien sûr, il y en a aussi ailleurs
Agriates
Terres désertes
Balagne
Terres et plages d’été surpeuplées
Terres inondées
Terres cultivées
Terres dépierrées, à la sueur de tant de fronts
Terres incultes
Terres <<cultivées intellectuelles>>
Terres qui forment, et…/
Terres qui déforment le cœur des hommes
Terres en éternelle jachère
Terres à jardiner
Terres autarciques subsistances
Terres lointaines
Pour tous ceux qui en ont quitté les ports
Terres de leurs pères, charnelles
Terres inutile de vous posséder
Pour aimer la Terre
Terres des champs de mort
Terres putrides
Terres où ils ont servis, apatrides
Terres perdues
Terres gagnées
Terres conquises sur les flots
Terres sans or
Terres en pots
Au bord de tant de modestes fenêtres
Terres encloses de tant de pierres
Mais terres ouvertes
Terres en terrasses
Terres en herbes
Terres de combats, au bord des eaux protectrices
Terres de guerres, qui étaient rarement les vôtres
Terres de paix
Terres de glaise
Terres grises
Terres à pétrir
Terres qui se méritent
Terres sans frontières
Malgré la constance des eaux
Terres en îles rouges
Terres sous marines
Terres seules flottant
Au milieu de la mer
Terres aux gorges profondes, et sombres
En plein centre des terres
Terres de vos origines
Terres des gouffres
Où vous êtes apparus
Terres qui collent à mes chaussures
Terres fine poussière
Toutes ces terres en une seule terre
Je vous veux…/
Terres de mon dernier refuge.

Poème deuxième :
La Corse : Les eaux…

L’eau de la mer
L’eau charnelle de la matrice maternelle
L’eau protectrice et nourricière
L’eau des ruisseaux qui irriguent
L’eau dont nous arrosons nos terres
L’eau qui ensemence patiemment
L’eau qui hydrate notre corps
L’eau qui porte nos navires
L’eau que l’on puise, dispendieux
L’eau que l’on épuise
L’eau où l’on pêche
L’eau qui noie
L’eau qui suinte et chuchote
L’eau qui nous berce
La nuit pour nous endormir
L’eau qui engloutie
L’eau qui se tarie
Femmes : l’eau claire de vos yeux
L’eau bleue de la crique de mes rêves
L’eau vive des torrents
L’eau qui court et tombe
De cascades en cascades
L’eau croupie des mares
Hommes : l’eau qui trouble vos alcools
L’eau qui nous purifie
L’eau qui gargouille
L’eau qui jaillit rare de la terre
Enfants : l’eau qui court le long de chez vous
Avant les sécheresses
L’eau qui tombe en pluies torrentielles
Les regards interrogateurs, tournés vers le haut
L’eau qui dégouline sur nos visages radieux
L’eau qui façonne les bois flottés
L’eau qui nous offre les coraux flamboyants
Attention n’y touchons pas
Coraux pour le plaisir des yeux
L’eau de la chanson : a capella
L’eau qui éteint les feux
Allumés par des fous
L’eau qui régénère
L’eau qui humecte vos lèvres désséchées
L’eau qui coule le long des vieilles murailles
Demeures abandonnées, fermées
Femmes : l’eau des larmes de vos yeux rougis
L’eau qui éclabousse
L’eau que l’on puise encore aux puits
Cette eau hélas que l’on gaspille
L’eau douce et câline de la bruine
L’eau profonde, fosses inconnues
Depuis cette terre vous m’êtes apparues.

Poème troisième :
La Corse : Les Feux…

Feux des corps en fusion
Feux des cœurs : effusions
Feux des bois : leur disparition
Feux de la terre
Feux l’hiver, dans vos cheminées
Feux de la foudre du ciel
Feux qui vous ont souvent consumés
Feux du regard de tes yeux
Feux de la purification
Feux des lointains rites sataniques
Feux de vos rires clairs
Feux des bombes lancées
Feux dangers pour tous vos fils
Feux qui lèchent
Feux qui rampent
Feux qui enveloppent
Feux qui se développent
Feux dangereux : fascinations
Feux ne laissant que poussières
Combats des soldats du feu
Guerriers de la lumière
Feux bleus, jaunes ou rouges
Feux hurlants
Attisés par les vents complices
Feux qui détruisent, puis fructifient
Feux des jeux pour le fou
Feux en torches
Feux qui cuisent : nourriture
Feux qui éclairent vos regards
Feux qui réchauffent
Feux de la passion
Feux de la jeunesse
Feux qui donnent naissance
Feux qui sèment la mort
Feux qui couvent sournois
Feux qui éclatent brusquement
Feux qui assassinent
Feux de la vie
Feux de la mort
Feux violents : défigurations
Feux qui ne s’arrêtent
Que lorsque leur manque la matière
Feux des doutes : rongeurs
Feux des doutes : constructeurs
Feux maîtrisés, domptés
Feux attisés de la trahison à soi-même
Feux du pour
Feux du contre
Feux sanctuaires
Feux misères
Dans tous les cas
Feux instructeurs, feux cautères.

Erdé, le 13 janvier 2007 - © Rémy Ducassé le 24 juillet 2013.
 
 
 
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TOUT CHANGE, ET PRESQUE RIEN NE CHANGE.../SAUF LES GUETTEURS...

 

Ce matin, je pars,

Le temps a encore changé,

Comme chaque jour, je suis en retard,

Je quitte la frontière du village,

De haut, de loin je l’aperçois,

Ce matin, la mer a laissé sa place,

A la terre, au loin, si près,

Si loin, le découpage du cap,

Sur bleu d’azur ou nuances bleues des eaux…/

 

Cap, qui captive et capture…/

 

Puis tout disparaît, l’eau, la terre,

Je traverse, les terres,

Un autre village :

Je le connais,

Je cacherai son nom,

Ne pas tout dire au premier mot,

Les maisons s’étagent,

Au long des rues étroites,

L’église, fin de restauration.

Un peu plus haut sur la <<départementale>>,

Nouvelle école : en cours de construction,

Ici : les enfants naissent assez,

Pour générer les écoles…/

 

Je descends, tourne, retourne,

Lentement, savourant aux détours,

De chaque virage, le paysage familier,

Regarder, prendre le temps,

A nouveau, comme chaque jour,

Le miracle renouvelé, jour après jour,

La mer, la terre réapparaissent,

Constance des eaux, presqu’immobilité des terres,

Rassurantes sur notre avenir, toutes les deux…/

 

Au loin l’horizon a changé,

La baie de Calvi,

Brumeuse, fumeuse,

Une ligne de nuages dessine,

Une chaîne de monts,

Illusion d’optique couronnée de blanc,

Lignes de monts, qui cerneraient,

L’eau calme, à peine remuée,

Par le vent imperceptible,

Seuls des yeux exercés,

Savent voir,

Les réalités de ce pays…/

 

Le plus important,

Reste à dire,

Le plus important reste à vous écrire,

A chaque coin de terre-plein,

Volontairement ménagés,

Ou pas,

Par des vies prévoyantes,

Jeunesse à venir,

Ou pas,

Vies en bouts de routes,

Vieillesses prêtes au départ,

Ou pas,

Quelques personnages,

Totalement,

Immobiles scrutent l’horizon,

Les yeux perdus au loin,

Sur les lignes lointaines,

Sur les marques infinies.

Ils sont là, depuis ce matin,

Matin, levés très tôt,

Tôt, bien avant nous,

Avant que le jour ai débarqué,

Au quai de leur imaginaire, de leurs insomnies,

Ce sont les guetteurs,

D’aujourd’hui,

Peu importe ce qu’ils guettent,

L’essentiel est qu’ils croient,

A leurs missions, j’espère :

Qu’ils croient à leurs missions…/

 

Veiller,

Sur ce pays,

Pays, qui captive et capture…/

 

Ils sont toujours les mêmes,

Je les connais, je les reconnais,

Certains, peut – être, avec le temps,

Finiront-ils ?

D’un geste pudique,

De la tête, de la main,

Par me saluer…

 

Erdé, le 25 octobre 2008 – revu et corrigé le 1 juillet 2012 - © Rémy Ducassé le 23 juillet 2013.

 

PASSER DES ENFANTS AU TERRITOIRE EST UN CHEMIN EVIDENT - CELUI ETROIT COMME UN FIL - J'Y AVANCE DEPUIS TRES LONGTEMPS MAINTENANT....

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MES AMIS(ES) SONT ICI, MAIS IL EN RESTE AUSSI - LA-BAS AUX AUTRES BOUTS DU MONDE...

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JEAN, SON ÎLE ET MOI...

 

Son île,

Mon île, nôtre île,

A Corsica, oh! Kallisté,

Navire renversé, retourné,

Vaisseau dévasté, blessé,

Au milieu de ces flots,

Faussement calmés,

Monte Cinto, quille dressée,

Contraste, de la neige pureté blanche,

Inviolée,

Face à face, renvoyée,

A tant d’eau, tantôt douce,

A tant d’eau, tantôt plus qu’agitée,

Cette terre fertile en âmes dignes et droites,

Violentée, dans des nuits rouges et bleutées…/

 

Te voici, me voici,

Nous si petits,

Face à tant et tant,

De beauté,

Cramponnés et ballotés,

Aux flancs rudes, arides,

De ce vaisseau renversé,

Tu t’accroches, je m’accroche,

En ce monde, violent, tiraillé,

Vers le bas,

Nous nous devons sans cesse,

Côte à côte, de ne jamais désespérer.

Nous avons, Toi et moi,

Avant que nos routes se croisent,

Traversés, tant de dangereuses contrées,

Que même silencieuses,

Nos bouches sans un mot

Se comprennent.

De l’avenir nous pensons,

Sans nous l’être dit,

Qu’il s’écrit au féminin : Espérance.

Tu m’apprends,

Je te réapprends sans jugement,

Que demain s’écrit : entraîne-moi,

Vers le plus haut,

Au dessus d’U Cinto.

Alors même à travers,

La distance et le temps,

Ce sont nos vies,

Qui en témoignent…/

 

Même, lorsque tu mets la distance,

Des bords de notre île,

Pour aller la chanter,

De ceux de mon esprit,

Des rives de mon cœur,

Jamais tu ne t’éloignes…/

 

<<On ne marche jamais en vain, les frères vous viennent tôt ou tard>>.

JF Bernardini.

 

Erdé, le 18 décembre 2010 – revu et corrigé le 2 septembre 2011 - © Rémy Ducassé le 23 juillet 2013.

MES  TEXTES  I

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Un infime souvenir…qui entraîne, Une grande espérance…

 

<<Le long du mur du cimetière : Jean et moi pressions le pas pour rentrer à la caravane, où nous attendaient nos parents – nous tentions d’échapper ainsi aux feux follets. Le bidon de lait laissant tomber quelques gouttes au sol terreux - marquant le chemin de notre éphémère passage. Nous nous serrions l'un contre l'autre pour avoir moins peur. C'était il y a longtemps.

Jean est depuis rentré dans l'ombre d'un silence – je crois qu’il ne sait pas que je l'aime plus qu'avant encore...>>

Jean, mon frère de sang est un véritable héros de l’existence. Plus grand, plus fort, plus intelligent et généreux que n’importe quels de vos héros de légendes. Jamais ce qu’il a vécu, ce qu’il vit encore aujourd’hui, vous n’auriez pu le vivre.

Jamais j n’aurai pu le vivre moi-même. 

 

Extrait correspondance privée - Copyritgh le 23 juillet 2013.

 

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